Avis de tempête à lhorizon
Deux actualités ont dû certainement retenir l’attention de l’opinion publique nationale la semaine écoulée.
Le communiqué du procureur de la République, diffusé le 1er octobre à la suite de la découverte d’un corps, dans la nuit du 29 au 30 septembre, identifié comme celui d’un membre de la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), étudiant en master 2 option Anglais.
La tenue de la convention nationale de la Jeune Chambre Internationale Côte d’Ivoire (JCI-CI), prévue du 03 au 05 octobre 2024 à Sikensi qui a viré au pugilat, faisant découvrir des sénateurs habiles dans le maniement des coups de poing, et qui a finalement abouti à l’élection de deux (02) présidents. Un épisode qui n’est pas sans rappeler une sombre page de l’histoire de ce pays.
A douze mois de la présidentielle d’octobre 2025, le lien entre ces événements semble plus qu’évident. Les Ivoiriens qui s’insupportent désormais ont à l’évidence choisi de mettre en vacance leur humanité. La violence, au détriment du dialogue, est devenue la voie par excellence de règlement des divergences d’opinion. Un phénomène certes pas nouveau mais dont la récurrence et la résurgence cycliques méritent toute l’attention des sociologues. A l’approche des joutes électorales, depuis 1995, le même air de déjà-vu.
Hier le boycott actif, le coup d’Etat, la crise identitaire, l’insurrection armée, la partition nord-sud, la guerre civile présentée par euphémisme et pudeur comme une crise postélectorale avec un bilan forcément suspicieux de 3000 morts.
Quid de 2025 ?
A quel sort et à quelle sauce seront cuisinés les habitants de ce pays qui redevient subitement amnésique ?
Face aux slogans musclés ; « On y est, on reste » qui ne sont pas sans rappeler une autre époque pas si lointaine ; « On gagne ou on gagne » ; à l’intolérance réciproque, à la radiation du listing électoral d’un ex-président de la République, jugé et condamné par une cour de justice ordinaire (comme si la loi fondamentale en son article 156, titre X, chapitre I était inopérante) ; aux velléités de faire barrage à la candidature d’un adversaire de poids ; à la mise au placard de l’élégance et des civilités républicaines ; au jusqu’au-boutisme forcément suicidaire qui a pris possession du corps social, faisant céder les digues des valeurs d’acceptation mutuelle érigées par des mouvements associatifs tels que la JCI-CI ; à quel saint se vouer ?
Dans un passé pas si loin, c’est la Grande loge de Côte d’Ivoire (GLCI) qui avait fait les frais de ce commerce de l’exclusion. La suite appartient à la mémoire collective.
Faut-il, dès à présent, comme ceux qui ont les moyens de leur politique, commencer à faire son baluchon pour envisager l’exil ? Depuis 2011, l’expertise ivoirienne en la matière est avérée. De quoi faire se retourner dans sa tombe Félix-Houphouët-Boigny et troubler son repos éternel.
La grande masse, cette majorité incapable de satisfaire ses besoins physiologiques selon la pyramide de Maslow (https://www.e-works.fr/blog/pyramide-de-maslow-cest-quoi-definition-et-exemple-dutilisation-de-la-pyramide-des-besoins-en-entreprise/), qui tire le diable par la queue et dont le pouvoir d’achat n’offre pas la capacité et le luxe de sauver sa peau… que devrait-elle faire en cas de déluge ? Comment pourrait-elle se mettre à l’abri alors que la météo politique tend vers l’annonce d’un avis de tempête à l’horizon ?