Evangile selon Saint Mambé…

A l’ouverture du colloque scientifique sur l’économie sociale et solidaire, le 04 novembre au Plateau, le chef du gouvernement ivoirien a encore récidivé. L’instant d’une prise de parole, il a généreusement prodigué des « joies » à un auditoire en costume cravate qui se distinguait par son teint et ses joues bien pleines. Effets conjugués du fréon et d’une équation sociale personnelle débarrassée des tracas et angoisses de la plupart des ménages ivoiriens 

Patience, l’espoir aide à survivre. Dans six (06) ans, en comptant sur la providence divine et les promesses de l’immense Beugré Mambé, eux aussi pourront goûter aux délices du paradis qui se profile à l’horizon. Après le rendez-vous manqué de l’émergence attendue en 2020.

Six petites années

En s’en tenant aux éléments de langage distillés par le rhéteur du jour ; « Le gouvernement travaille sur le Pnd 2021-2025 à faire de la Côte d’Ivoire, un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieur à l’horizon 2030. Notamment en doublant son Pib par habitant, en divisant le taux de pauvreté par deux et en augmentant l’espérance de vie en 10 ans, de 57 à 67 ans », comment ne pas s’enthousiasmer ? A moins d’être sorcier … 72 mois à tenir pour parvenir au bonheur. C’est la quintessence de l’évangile selon Saint Mambé. 

Indicateurs

Percevoir la portée de la bonne nouvelle annoncée tout juste après la Toussaint, commande de revisiter le concept de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure selon ses indicateurs.

La Banque mondiale considère comme tel, les pays dont le revenu national brut (RNB) – la somme du PIB et des Revenus nets reçus de l’étranger – se situe entre 4 256 USD et 13 205 USD, (environ 2 557 856 et 7 936 205 F CFA). Ces pays se caractérisent par : une croissance économique modérée et diversifiée tributaire de secteurs comme les ressources naturelles, l’agriculture ou certaines industries manufacturières. Une augmentation du niveau de vie et des revenus avec des inégalités marquées. Un accès accru aux infrastructures et aux services de base qui repose sur le développement des infrastructures pour soutenir la croissance économique. Un développement social qui s’appuie sur un taux de scolarisation et des niveaux d’alphabétisation élevés, bien que l’accès à une éducation de qualité varie. Un taux de pauvreté en recul qui n’empêche pas l’existence de poches de pauvreté significatives, particulièrement dans les zones rurales. Des défis structurels et une instabilité économique potentielle avec en toile de fond, une dépendance aux matières premières, la persistance de corruption et des institutions faibles parfois. Une transition vers une économie axée sur la technologie et l’innovation. Une préférence pour les investissements directs étrangers (IDE) qui jouent un rôle clé dans le développement de l’économie. 

Parvenir à cet objectif ne revient pas à décrocher le graal. C’est cependant un effort salutaire et gratifiant. 

Implacable réalité

Par conséquent, la tentation d’accueillir avec une joie débordante cette exquise de solutions aux  préoccupations de nos concitoyens aurait été immense si, la vie se limitait exclusivement à l’espérance entendue à l’immeuble Crrae-umoa. Malheureusement, tout juste à côté subsistait  l’implacable réalité.

Le jour même où saint Mambé prêchait la bonne nouvelle, de pauvres dames qui vivotent, étaient pourchassées à Adjamé. Etiquetées persona non grata, elles faisaient l’objet d’un déguerpissement musclé. Une chasse aux pauvres, pardon à la pauvreté que l’exécutif s’est engagé à réduire à 20%. Au prix du sang et de la sueur de ces pauvres hères dont le péché originel est de quêter au mauvais endroit, leur pain quotidien ?

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