Fermeté sélective et hâtive !

Il a suffi que quelques organisations syndicales des secteurs de l’éducation-formation, de la protection sociale et de la santé projettent d’observer un arrêt de travail de 72 heures sur l’ensemble du territoire national les 15, 16 et 17 octobre 2024 pour voir Anne Désiré Ouloto, ministre de la fonction publique et de la modernisation de l’administration, sortir de ses gongs et bander les muscles.

Il ne lui restait plus qu’à revêtir le bleu de chauffe pour bien faire comprendre que trêve de plaisanteries, la récréation est terminée !

 Dans un communiqué en date du 11 octobre 2024, en forme de sévère mise en garde, maman bulldozer abat toutes ses cartes à la fois.

Allant jusqu’à faire planer sur la tête des empêcheurs de jouir – en toute quiétude – des fruits de la croissance à deux chiffres, dans ce paradis qu’être devenue la Côte d’Ivoire sous Ouattara III, la menace des poursuites judiciaires. Sans préjudice des représailles disciplinaires et pécuniaires !

Les habitudes acquises au ministère de l’environnement ont la peau dure.

Dans la foulée, la direction générale de la police nationale entre en scène pour mettre en alerte tous ses services, le 14 octobre 2024.

Le préfet d’Abidjan ne reste pas en marge de ce branle-bas. Il y va de sa partition pour demander aux directeurs régionaux de la santé, de la protection sociale et de l’éducation nationale de lui tenir la liste de leurs collaborateurs qui observeront ladite grève.

La grève annoncée prend des allures d’affaire d’Etat. Le 16 octobre, elle est évoquée en conseil des ministres. Amadou Coulibaly, le porteur de la parole gouvernementale tonne « illégale et injustifiée ! ». Il brandit le bâton.

Entretemps, maman bulldozer qui s’est souvenue avoir procédé à l’installation d’un comité consultatif de la fonction publique, le 10 octobre, décide d’actionner ce levier. Après avoir placé la charrue avant les bœufs.

La première réunion extraordinaire dudit comité est convoquée pour le 17 octobre. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour figure l’examen des revendications relatives aux primes. Curieux que les revendications d’un mouvement d’humeur estampillé « illégal et injustifié » retiennent in fine l’attention.

La communication exécutive a certes bon droit de convoquer la sagacité des grévistes sur le non-respect des procédures en vigueur en la matière ; cependant, il semble surprenant que la gouvernance de Ouattara III présentée comme celle du dialogue préalable opte quasi-systématique en première intention pour le tout répressif.  

En quoi des fonctionnaires qui en toute liberté de conscience, décident de débrayer en restant chez eux troubleraient-ils l’ordre public ? Au point de glisser subrepticement vers l’Etat policier ?   Le recours à la grève n’a-t-il plus droit de cité au paradis ?

On aurait souhaité que l’Etat qui a les moyens de maintenir et faire respecter l’ordre public – n’est-ce pas M. le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural ? – affiche autant de fermeté dans le traitement des malversations commises à la direction générale des impôts, https://letau.net/enquete-details-article/malversations-a-la-dgi-totale-impunite-des-agents-fautifs

Mieux, qu’il se donne les moyens d’imposer aux infracteurs de tout acabit, le respect de toutes ces lois et décrets promulgués par le président de la République qui sont piétinés à longueur de journées, dans un silence assourdissant. Osons croire qu’il ne soit pas consentant.  

Là se situe malheureusement le drame et l’une des nombreuses fragilités de notre République, cette fermeté sélective, parfois hâtive dans la gestion des défis qui se posent à la société.

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