Filière café-cacao: Vers la mise en place effective de l’interprofession café-cacao
» Il faut brûler les étapes si … »
Le processus de création de l’interprofession café-cacao en Côte d’Ivoire entre dans une phase décisive. Après plusieurs mois d’hésitations, les acteurs de la filière – producteurs, industriels et exportateurs – se retrouvent à Yamoussoukro du 19 au 22 août 2025 pour l’assemblée générale constitutive. Cette rencontre doit jeter les bases d’une nouvelle organisation collégiale, où les producteurs qui représentent près de 70 % du secteur, occuperont une place prépondérante.
Cette assemblée générale intervient à la suite de l’évaluation des organisations professionnelles par le comité technique du ministère de l’Agriculture. Selon les résultons publiés le 7 juillet dernier par l organe technique d évaluation, l’Organisation nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire (ONPCC-CI) dirigée par Siaka Diakité, représenterait 63,12% des producteurs et totaliserait 1 112 281 tonnes de café cacao confondus soit 53,47% du volume total, a satisfait aux critères de représentativité exigés. Les délégués des structures reconnues devront donc prendre part aux travaux fondateurs à Yamoussoukro.
La grande interrogation qui taraude tous les esprits, que modifiera concrètement cette nouvelle formule de gestion collégiale, surtout que nous sommes à quelque deux mois de l’ouverture de la nouvelle campagne 2025-2026 ?
Pour les partisans du projet, l’interprofession constitue une avancée majeure. « La volonté du chef de l’État est de permettre aux producteurs de s’approprier leur filière, d’identifier les vrais problèmes et d’y apporter des solutions », explique ME Kouakou, membre du comité technique.
Il rappelle que, contrairement au Conseil du café-cacao (CCC), structure publique chargée d’exécuter la politique gouvernementale, l’interprofession sera un organe privé, géré directement par les acteurs de la filière.
Si l’État souhaite voir l’interprofession opérationnelle dès la prochaine campagne, des retards accumulés laissent planer le doute. « L’interprofession ne verra probablement pas le jour avant le premier trimestre 2026 », estime une source proche du dossier. D’autres, plus optimistes, estiment qu’il faudra « brûler les étapes » si le gouvernement veut respecter le calendrier.
Au-delà des questions techniques, l’enjeu est considérable. Le café-cacao représente 40 % des recettes d’exportation de la Côte d’Ivoire et plus de 17 % du PIB. La mise en place d’une gouvernance collégiale, où producteurs, industriels et exportateurs cogèrent la filière, est perçue comme une étape stratégique pour renforcer la résilience et la compétitivité du secteur. A ce rythme, la montage risque d’accoucher d’une souris.