Recouvrement des avoirs criminels : la société civile et les médias en croisade pour la justice sociale

Plaidoyer pour convertir l’argent sale en ressources d’utilité publique.

Chaque franc soustrait aux réseaux criminels pourrait servir à financer une école, un dispensaire ou une route. Mais pour transformer l’argent sale en ressource publique, une intégration de la société civile et des médias dans le processus est désormais nécessaire.

En Côte d’Ivoire, les flux financiers illicites ne se limitent pas uniquement aux fonds distraits des caisses de l’État. Ils incluent également le produit d’activités criminelles telles que le trafic de stupéfiants, l’orpaillage clandestin, la traite des personnes, le blanchiment de capitaux… et bien d’autres qui prospèrent en marge des circuits économiques formels. Chaque année, ce sont des milliards de FCFA indispensables aux besoins essentiels des communautés qui disparaissent ainsi.

Enjeu central

Cette perte, préjudiciable au développement socio-économique de nos départements et régions, convoque un enjeu majeur : le recouvrement et la redistribution des avoirs criminels confisqués. Plus que la seule dénonciation, les priorités résident dans l’identification, la traçabilité, la saisie, le rapatriement, au besoin, de ces fonds et leur redistribution, qui doit contribuer à améliorer les conditions de vie des populations. C’est ainsi que l’argent sale peut valablement servir d’outil de justice sociale et de souveraineté économique.

Efforts louables

Jusqu’à présent, les dispositifs de recouvrement apparaissent comme le domaine réservé des États et des institutions nationales et internationales engagées dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LBC/FT). Des initiatives certes louables, mais qui, pour accroître leur portée et leur impact, exigent l’intégration de la société civile et des médias. Sans vigilance citoyenne, les actions nationales et les engagements internationaux – directives de la CEDEAO, standards du GIABA ou Position Commune Africaine sur le Recouvrement des Actifs (CAPAR) – ont peu de chances d’avoir un effet tangible sur les communautés locales.

Sens d’un atelier

C’est le sens de l’atelier qui s’est tenu à Abidjan les 19 et 20 août, à l’initiative de l’ONG Social Justice, en partenariat avec le GIABA, la CENTIF, l’AGRAC et le ministère de la Justice. Si les débats ont porté sur les mécanismes indispensables pour frapper au portefeuille les réseaux criminels, il a surtout été question de la prise en compte des OSC et des médias, acteurs clés du recouvrement, dans la redistribution desdits fonds.

Plan d’action et plaidoyer

À cette fin, les travaux se sont prolongés par l’élaboration d’un plan d’action et d’un plaidoyer, sur la base des recommandations techniques de la CENTIF et de l’AGRAC. Objectif : intégrer la société civile et les médias dans un processus qui va de l’identification des flux criminels à leur redistribution.

Urgence sociale

Derrière chaque franc CFA blanchi, c’est une école qui reste en suspens, un centre de santé condamné à rester virtuel, une route budgétisée mais jamais réalisée. La gestion des avoirs criminels constitue donc une urgence sociale, un impératif.

Rôle de veille

La société civile et les médias ont un rôle de surveillance majeur à jouer dans ce processus : contrôler les flux, dénoncer les complicités, exiger la transparence et garantir que les ressources récupérées servent véritablement aux populations. Il s’agit là d’un combat pour l’équité et la justice sociale, une bataille politique, technique et morale que la société civile et les médias entendent mener aux côtés des institutions dédiées à la LBC/FT.

On croise les doigts pour que cette initiative s’émancipe d’un simple vœu pieux. En Côte d’Ivoire, l’argent blanchi a souvent la mauvaise habitude de revenir dormir dans les mêmes coffres qu’il venait à peine de quitter.

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