République sans vertu
C’est une porte largement ouverte qu’il va falloir davantage enfoncer. Avec détermination, sans résignation, ni peur. Jusqu’à ce que les adeptes de la pratique comprennent et se rallient à l’intégrité. Seule norme qui vaille dans la gestion des affaires publiques.
A toutes fins utiles, il convient de rappeler aux administrateurs en chef à l’intérieur du pays que le service public dont ils ont la charge ne fait pas partie de leur patrimoine personnel. D’où vient-il donc que certains s’arrogent le droit de monnayer leur signature apposée sur des actes administratifs ou de mettre sous coupe réglée certaines prestations gratuites de service ? Une pratique qui n’a fait l’objet d’aucune communication en Conseil des ministres, ni d’aucun arrêté ministériel ? Qui plus est sans reçu, ni facture !
Le but est clair. Ne pas laisser de trace. En Côte d’Ivoire, la parole d’un haut fonctionnaire en rupture de ban avec l’éthique vaut parfois mieux que celle du citoyen lambda.
Traquer le racket administratif
Autant le racket policier répugne, autant celui plus insidieux dans les services publics et les hôpitaux ne devrait pas prospérer. Avec la plus grande fermeté, il devra être dénoncé. Ses instigateurs traqués dans leurs derniers retranchements jusqu’à ce qu’ils se décident à divorcer avec l’opacité.
Dans cette optique, le coup de filet mené dans le cadre de l’opération « Verrou 322 » qui a abouti au relèvement de leurs fonctions du préfet de département de Sipilou (Ouest de la Côte d’Ivoire dans la région du Tonkpi, près de la frontière avec la Guinée), du commissaire de police, du chef de détachement des FACI, du commandant de la brigade de gendarmerie et du chef du bureau des douanes, mérite d’être encouragé et démultiplié dans d’autres départements.
En cette année électorale, pourvu que ce ne soit pas un effet d’annonce et que les instigateurs de la fuite des produits agricoles de rente aient effectivement à assumer leurs responsabilités dans ce dossier qui n’honore pas l’Administration publique.
Hommes et femmes respectables
L’incompréhension découle de ce que ces fonctionnaires classés en catégorie A4 ou A7 sont à l’abri du besoin. Il ne s’agit pas de crève-la-faim. Ce sont des hommes et des femmes respectables qui adorent la compagnie des guides religieux, font leurs cinq prières, pratiquent l’aumône aux pauvres, dénoncent les injustices devant les caméras… Qui, hélas trempent dans cette indignité. On serait tenté de leur donner le bon Dieu sans confession.
L’argent, comme le dépeint, le patron d’une radio régional est le seul bagage qui n’est jamais lourd à porter.
Au fait, « Que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? », interroge l’apôtre Marc.
Ingénierie de l’enrichissement personnelle
Le 31 décembre 2024, en écoutant notre désormais jeune président, “en pleine forme” à 82 ans, à l’occasion de son traditionnel message à la nation, c’est plus de la peine que www.letau.net a éprouvé pour l’homme désireux de continuer à servir son pays.
Avec qui et sur qui compte le commandant en chef pour remporter la guerre contre la corruption ?
Les priorités de l’intendance gangrenée par le cancer qui s’est métastasé et répandu dans tout le corps social sont ailleurs. Dans le développement d’une ingénierie d’enrichissement personnel. Dans la privatisation de pans entiers du service public.
Vœu de pauvreté
En ce début d’année, période propice pour faire et recevoir des cadeaux, ils sont très peu, ces hauts fonctionnaires qui n’ont pas mis au placard leur conscience professionnelle au moment de recevoir des présents de donateurs pas forcément animés de saines intentions. La charte de la transparence, ils s’en souviendront au cours des séminaires. Devant les caméras et micros de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
En embrassant une carrière dans le service public, tous n’ont pas fait vœu de pauvreté. Certains et/ou leurs parents ont dû délier la bourse, sortir le chéquier pour payer leur place dans l’Administration. Ils ne sauraient donc avoir d’état d’âme au moment de rentabiliser leur investissement.
Sans crainte
Dans cette libre entreprise que représente la fonction publique, on crée des niches. On développe des filons. On se sert de l’Etat pour arrondir ses fins de mois, préparer l’avenir de ses enfants. Sur le dos, à la sueur et au sang des plus vulnérables dont le crime est de n’avoir pas eu les moyens ou le nez creux pour suivre la voie de la facilité. Sans crainte de se faire prendre la plupart du temps.
Les missions d’audit et de contrôle à l’improviste n’existent pas dans la procédure. Elles se déploient aux sons des sirènes de police. On a donc le temps de dissimuler les preuves, détruire les indices gênants ou compromettants. A défaut, on dispose d’un butin de guerre pour détourner de leurs objectifs des missionnaires dont seulement une infime partie peut décliner les enveloppes bien épaisses.
Sortir de la liste grise
Lorsqu’un media trop curieux décide de mener l’enquête en adressant au nom du sacro-saint principe de l’équilibre de l’information, un courrier de demande d’information, la conduite à tenir est simple. Vu et ignoré. On accuse réception de la correspondance sans y donner suite. Convaincu que ça n’ira nulle part. La probité peut aller se rhabiller. Jusqu’à quand ce manège durera-t-il ?
« Ce qui n’a jamais tenu, c’est une République sans vertu », avertit l’artiste. De la vertu à tous les étages et de façon permanente, il en faudra pour sortir de la liste grise du GAFI !