Scandale au CNP-PPP : Près d’un demi-milliard de FCFA se volatilise

Un jeune homme en prison, sans jugement, depuis 19 mois

Le 18 septembre 2023, Dali Séné Alain Patrick, 27 ans, fait ses adieux au Comité national de pilotage des partenariats public-privé (CNP-PPP). Il est loin de se douter de la suite des évènements. Sa mission d’intérim en qualité de directeur des affaires financières achevée, il se plie à la passation de charges avec Mme Lou Belefe Olga Roseline Toa, sa successeure. Aucune anomalie n’est relevée à ce moment-là. Trois semaines plus tard, c’est le cauchemar.

Virements

Les 3 et 12 octobre 2023, deux virements d’un montant total de 486 266 600 F CFA sont enregistrés sur le compte du CNP-PPP à la BACI. La procédure interne précise que seul le DAF en poste est habilité à déposer les ordres de virement. À ces dates, le DAF en fonction se nomme Mme Lou Belefe Olga Roseline Toa. Pourtant, c’est Dali Séné Alain Patrick qui, depuis dix-neuf mois, se trouve en détention préventive. Trouvez l’erreur.

Gestionnaire en liberté

Au cœur du dossier apparaît un acteur clé : Mme Fatou N’Diaye, la gestionnaire ayant traité les virements. Elle n’a, à ce jour, pas été inquiétée par la justice. Selon la défense, c’est sur la base de courriels électroniques, dont l’authenticité est contestée par des experts, que leur client est maintenu en détention.

Expertises contradictoires

En juin 2024, le COSIT conclut à un possible piratage de la messagerie de l’ex-DAF. Ces conclusions sont cependant remises en cause par le CNP-PPP. La contre-expertise sollicitée en avril 2025 auprès du CERCC aboutit à des conclusions contradictoire s. Deux lectures opposées qui ne changent rien à la situation du détenu.

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Détresse profonde

La famille de l’ex-DAF se trouve dans une situation de détresse. Entre angoisse face à l’incertitude et l’humiliation des visites carcérales. Comment la trajectoire d’un jeune homme sans antécédent judiciaire a-t-elle pu déboucher sur une telle impasse ? se demande-t-on. En l’absence de réponse, on évoque des causes mystiques. En Afrique, les malheurs commandent de trouver une explication… fût-elle irrationnelle.

Un non-lieu partiel, mais…

Surtout que malgré le non-lieu partiel obtenu par la défense, le jeune homme reste détenu. « Maintenir un homme en prison alors qu’une partie des accusations s’effondre, c’est le condamner avant le procès », se désole l’un de ses avocats. Une chose est sûre. Les virements ont profité à des bénéficiaires. Des entreprises réelles. A ce stade, l’instruction n’a visiblement pas permis d’établir un lien direct entre elles et l’ex-DAF… Selon des indiscrétions, des retraits en espèces auraient même été effectués.

Triple silence

La BACI n’a pas donné suite, à ce jour, au courrier de demande d’information qui lui a été adressé le 23 avril. Le conseil du CNP-PPP, de son côté, invoque le secret de l’instruction et met en garde contre toute divulgation d’éléments confidentiels. Quant à la justice, elle garde le silence, fidèle à sa ligne de conduite. Un silence assourdissant.

L’argent circule

Pendant ce temps, c’est près d’un demi-milliard qui circule. Sorti des comptes de la banque, il a bénéficié à des personnes morales et physiques bien réelles. Leur traçabilité ne constitue pas un écueil insurmontable.

En attendant, un jeune homme à la santé fragile demeure derrière les barreaux.

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